Dans la panoplie des différentes approches en management, l’intelligence émotionnelle est un concept qui a pris son essor dans les années 90. Depuis, la recherche sur la performance au travail a montré l’importance de l’intelligence émotionnelle. Plus précisément, les personnes considérées comme des leaders dans leur groupe de travail font preuve d’intelligence émotionnelle. Adaptabilité, ouverture d’esprit, empathie, leadership et sens de la communication en sont les principales composantes.
Percevoir, distinguer et exprimer ses émotions
Si je devais donner une définition de l’intelligence émotionnelle, ce serait une habileté à percevoir, distinguer et exprimer les émotions, à les intégrer et les accepter (les intégrer comme étant intéressantes et utiliser leurs informations pour guider sa pensée et ses actions). C’est aussi savoir comment vivre ses émotions et faciliter cette régulation chez les autres.
Concrètement, nous distinguons cinq composantes dans l’intelligence émotionnelle. Parmi les compétences personnelles, nous retrouvons la conscience, la gestion de ses émotions ainsi que l’auto-motivation. Les compétences relationnelles inhérentes à l’intelligence émotionnelle permettent quant à elle d’établir de bonnes relations et d’être interactif.
Un intérêt grandissant pour l’intelligence émotionnelle
Dans un contexte actuel où les managers se demandent en quoi l’intelligence émotionnelle peut les intéresser, je vois deux axes, l’un « intra personnel », l’autre interpersonnel. L’intelligence émotionnelle permet d’augmenter son savoir-être, gérer son stress et améliorer la qualité de ses décisions. Elle sert à entretenir ses motivations, s’ouvrir au changement et améliorer sa capacité à rebondir sur des échecs.
Les études démontrent qu’il existe effectivement une relation positive entre la capacité émotionnelle des membres d’une organisation, sa culture et ses performances financières. Il a été prouvé que les entreprises dont les leaders mettent en œuvre leurs capacités émotionnelles obtiennent une marge bénéficiaire de 71% supérieure à celle des entreprises dont la culture ne prend pas en compte l’intelligence émotionnelle de ses membres (1).
A titre d’exemple, Daniel Goleman, psychologue américain qui a popularisé la notion d’intelligence émotionnelle, a réalisé une étude sur 200 entreprises pour comprendre l’impact de cette aptitude sur la performance au travail. Au vue des résultats obtenus, il affirme que l’évolution de leurs résultats est due à 60 % aux compétences émotionnelles de ses employés (2).
La mise en œuvre de ces compétences a un impact direct au sein de l’environnement professionnel. Car les personnes savent aussi s’exprimer avec sobriété, faire preuve d’empathie et développent de bonnes capacités relationnelles, de négociation et de management.
Travailler avec des personnes qui ont des compétences émotionnelles a des effets positifs sur le bien-être psychologique et l’engagement au travail des collaborateurs.
Développer son intelligence émotionnelle pour être plus performant
Tout d’abord, l’intelligence émotionnelle a besoin d’être nourrie de connaissances, de savoir-faire et de savoir-être, comme les autres formes d’intelligence. 3 aspects sont fondamentaux, à savoir, développer sa conscience émotionnelle, agir avec ses émotions et optimiser ses compétences relationnelles.
La conscience émotionnelle permet de mieux comprendre les émotions pour en faire des alliées. Afin de la développer, il est important de sortir de « l’engourdissement », accueillir les sensations physiques (l’impact physique des émotions) et prendre conscience de ses sentiments. Il existe quatre émotions essentielles : la colère, la tristesse, la peur et la joie. Nous apprenons à les reconnaître et les différencier et nous conseillons de repérer à quoi peuvent servir chacune de ses émotions. Cela dans le but de, notamment, améliorer la conscience de soi et sa capacité d’action et de décision.
Ensuite, agir avec ses émotions permettra de faire face à des manifestations émotionnelles perturbatrices, de se maîtriser et contrôler ses impulsions. Je conseille donc de repérer les pensées inutiles qui induisent des émotions inappropriées. Savoir « regarder en face » un sentiment, même difficile, en restant détendu, est également un autre point sur lequel je propose de s’entraîner. Cela dans l’objectif, notamment, de pouvoir prendre des décisions avec plus de sérénité et savoir exprimer ses émotions avec sobriété et habileté.
Enfin, une troisième étape est d’optimiser ses compétences relationnelles au travail. Pour cela, il est nécessaire de faire preuve d’empathie, savoir accueillir les émotions de ses collaborateurs, collègues ou de sa hiérarchie, sans être perturbé. Je préconise également d’apprendre à exprimer ses critiques en gérant ses émotions et celle de l’autre et donner des signes de reconnaissance.
Quels sont les signes de l'intelligence émotionnelle ?
Afin de bien comprendre si vous, ou un proche, présente un signe d'intelligence supérieure (ou plusieurs, ce paragraphe va vous en donner quelques-uns. Bien sûr, les signes que l'on va vous lister ne représente pas une liste exhaustive. Il est ainsi tout à fait possible qu'un expert vous en dévoile davantage.
Voici certains signes assez courants d'intelligence émotionnelle :
- L'auto-connaissance émotionnelle : les personnes ayant une telle intelligence ont en principe une bonne compréhension et donc une bonne maîtrise de leurs émotions.
- Empathie : un des signes assez courant d'intelligence émotionnelle est le fait qu'une personne dispose d'une empathie évidente. C'est-à-dire que la personne va se mettre facilement à la place des autres dans des situations où les émotions peuvent prendre le dessus. Ils sont donc assez sensibles à ce que pensent les autres et à leur mode de fonctionnement psychique.
- Des relations sociales solides : les personnes disposant d'une intelligence émotionnelle n'ont pas de mal à se faire de nouvelles amitiés. En effet, ils peuvent facilement établir et tisser un lien avec les autres et garder leurs relations constructives.
- L'adaptabilité : ils arrivent facilement à s'adapter aux différentes personnes qui les entourent.
(1) Mayer, J. D., & Salovey, P. (2004): What is emotional intelligence?
(2) Daniel Goleman - Emotional Intelligence: Why it can matter more than IQ. Bantam Books
Claire Roy, Responsable du domaine Efficacité professionnelle - Développement Personnel – Communication chez CSP Formation