Le régime de l'auto-entrepreneur est né il y a presque deux ans et a su convaincre nombre d'entrepreneurs. Mais en apportant aux Français une réforme de plus, Hervé Novelli s’exposait, comme tant d’autres avant lui, à un risque majeur : celui de l’échec. L’idée était brillante certes, mais suffisamment novatrice et libérale pour déranger, dans leur vie paisible, quelques acteurs jusqu’alors incontournables et incontournés du paysage économique français.
Encore que, en ces temps de crise où tout va plus mal que la veille, et mieux que le lendemain, on pouvait accepter l’idée, histoire de redonner un peu d’espoir à ceux qui, lâchés en bord de route par l’économie moderne, ne croient plus en rien de ce qui s’apparente à une vie professionnelle. En bref, un régime pour les paumés, les bricoleurs, et les fraudeurs. Sans oublier ceux qui font du « black » et rentreront peut être dans le rang…
L’idée était lancée, le contexte favorable, les français réceptifs ! Et la réforme peu coûteuse.
Certains diront que c’est un détail, d’autres que c’est faux. Il faut surtout dire que c’est particulièrement extraordinaire ! Quand d’autres défilent et font grève, pour obtenir tel ou tel aménagement fiscal, c’est un manque à gagner énorme pour la France et pour ceux qui travaillent, donc pour l’économie. Une réforme de ce genre est souvent extrêmement couteuse, et les effets attendus souvent peu mesurés… C’est souvent la cause de l’échec de nombreuses d’entre elles.
Là, le concept plug and play inventé par le secrétaire d’Etat déroge à la règle. Il aura suffit d’un site Internet aux couleurs du nouveau régime, d’un aménagement fiscal et social qui rendra enfin compréhensible à tous le prélèvement des charges, d’un élargissement de la cible et d’un peu de communication bien orchestrée pour que les français réalisent soudain qu’ils ont envie de s’y essayer !
Et finalement, quand on regarde avec un peu de recul les résultats générés par l’auto-entrepreneur, on ne peut qu’être admiratif : 2 milliards d’euros générés d’ici la fin de l’année 2010, déjà 1 milliard en 2009, et vraisemblablement plus de 800 millions de rentrées pour l’Etat en deux ans !
Et si l’on voulait aller plus loin dans la réflexion, nous pourrions dire que ces petits, ces sans-grade, ces gagne-petit qui, péniblement, cumulent quelques euros de chiffre d’affaires, et tentent de cotiser pour leurs trimestres de retraite, ils n’étaient pas dans la rue pour manifester contre la réforme. Ils ne font pas grève, ces 600.000 entrepreneurs. Ils ne demandent pas à l’Etat providence de payer avec l’argent qu’il n’a pas des retraites toujours plus longues. Ils ne cherchent pas à moins travailler et à moins cotiser. Ils cherchent seulement à se lancer.
Ils la sentent d’ailleurs passer, cette grève qui paralyse le pays, leurs clients, leurs fournisseurs, et gèle le climat général. Mais dans le débat ordinaire, on les a oublié ! Chercher à gagner un peu plus en travaillant, quand d’autres cherchent à travailler autant en gagnant plus : c'est pas forcément dans l'air du temps !
Pour cela, pour leurs efforts, pour le dynamisme qu'ils dégagent et leur envie d'avancer, nous devons soutenir nos auto-entreprises !
Grégoire LECLERCQ
Président de la Fédération des auto-entrepreneurs
www.federation-auto-entrepreneur.fr