80% de réussite en franchise ! Cette affirmation s’est largement répandue en France depuis plusieurs années. La même affirmation circulait aux aux Etats-Unis mais elle a été reconnue, en 2005, comme étant « potentiellement trompeuse » par les autorités chargées de réguler la franchise.
Cette affirmation existe chez nous sous plusieurs formes dont voici quelques exemples :
- « D'après plusieurs études relayées par la presse, le taux de réussite en création d'entreprise en franchise approche les 80% contre seulement 50% en création pure. »
- « Les créateurs qui entreprennent en franchise ont plus de chance de réussir, puisqu'on observe un taux de survie de 90 % après 5 ans d'activité. »
- « A = Taux de réussite en création d'entreprise indépendante = 52.2%* et B = Taux de réussite en franchise = 81.9%* »
- « Le taux de faillite en franchise est de l'ordre de 20%,(…), contre 50% dans le commerce traditionnel, notamment dans les cinq premières années de l'entreprises, qui sont les plus difficiles »
Pour apprécier à quel point cette affirmation est devenue un lieu commun, il suffit de taper « taux+réussite+franchise » dans google.
Des études américaines contredisent l'opinion générale
Les deux études citées ci-après ont été réalisées à partir des données collectées par la Small Business Administration (SBA), agence gouvernementale américaine dont l’un des rôles est de garantir des prêts accordés, par des institutions privées ou autres, aux entreprises indépendantes et franchisées. Ces données montrent, qu'en moyenne, les entreprises franchisées ont autant, si ce n’est plus de difficultés à rembourser leur emprunts que les entreprises indépendantes.
Suite à une étude du portefeuille des prêts accordés aux entreprises franchisées, le service de la SBA en charge de l’audit interne concluait en Septembre 2002 :
« Une opinion communément admise (publiquement supportée par la SBA) veut que les entreprises franchisées réussissent beaucoup mieux que les entreprises indépendantes. Les résultats de notre étude (relative au remboursement des emprunts accordées aux entreprises indépendantes et franchisées), ainsi que des études externes, ne permettent pas supporter cette opinion plus longtemps. L’Office of Financial Assistance (service interne de la SBA) en accord avec l’Office of Entrepreneurial Development (autre service interne de la SBA) doivent prendre des dispositions afin que cette opinion n’apparaisse plus sur aucun des documents imprimés ou numériques émis par la SBA.»
Vous pouvez retrouver le compte-rendu (en anglais) de cette étude sur le site de la SBA : A propos des emprunts SBA non remboursés par les entreprises franchisées
Dans une étude publiée en 2007 et commandée par l’IFA (L’Association International de la Franchise), la société FRANdata écrit :
« Etre 2001 et 2006, le taux moyen de radiation de prêts SBA accordés à l’ensemble des entreprises d’un même secteur d’activité est de 5,9 % et le taux moyen de radiation de prêts SBA accordés aux seules entreprises franchisées du même secteur d’activité est de 6,5%. »
Le taux de radiation de prêt est égal au montant des prêts radiés rapporté au montant des prêts accordés.
Les prêts SBA sont des prêts garantis par la SBA.
Vous pouvez retrouver le compte-rendu (en anglais) de cette étude sur le site de l’IFA : Une étude du taux des emprunts non intégralement remboursés accordés aux entreprises franchisées dans le cadre du programme de garantie des prêts de la SBA
Si vous souhaitez avoir la traduction de cette étude, n'hésitez pas à nous en faire la demande par mail à l'adresse
80% de taux de réussite ! Faux en moyenne, mais vrai dans certains réseaux
L’un des principaux dangers de ce type d’affirmation est qu’elle postule que le seul fait de rejoindre un réseau de franchise, quel que soit ce réseau, assure au candidat retenu par le franchiseur, 80 chances sur 100 de réussir.
Il est vrai que dans certains réseaux de franchise le taux de réussite des franchisés est de 80%. En effet dans ces réseaux la majorité des franchisés se rémunèrent très correctement et valorisent de manière appréciable leurs investissements.
Mais il est faux de laisser entendre qu’il en serait ainsi dans tous les réseaux de franchise. La réalité montre que de nombreux franchiseurs prospèrent en construisant des réseaux dans lesquels la majorité des franchisés accumulent les exercices déficitaires, peinent à équilibrer leurs comptes ou déposent le bilan.
Rodolphe GALY DEJEAN
Délégué général
www.franchise-et-transparence.fr