Bernard OrtegaLes dirigeants des PME s’ouvrent à la culture d’un Management, qui doit commencer par eux-mêmes. Un espace de distanciation et de réflexion.

C’est en quelque sorte une professionnalisation d’un travail qui, jusqu’ici semblait être réservé aux cadres supérieurs et dirigeants des grandes entreprises.  Ceux-ci considèrent  que le leadership, le développement personnel, le coaching sont des outils performants qui vont augmenter leurs potentiels dans la gestion des hommes et d’eux-mêmes.

 

Est-ce pour cela que les dirigeants des PME, par complexe, par désintérêt, par priorité ont délaissé cette possibilité et cette richesse ? Ou qu’ils considéraient que ce « luxe » ne devait pas être intégré dans leurs fonctions, afin de rester au plus près de leurs collaborateurs et employés ? Je pense que c’est davantage par rapport à la multiplicité des fonctions, leurs horaires souvent démentiels et responsabilités que le Patron PME ne s’est pas autorisé à ce type de travail.

Multipliant les rendez-vous avec cette nouvelle population, je prends toute la mesure de leurs besoins et de leurs manques dans ce domaine. Cet entraînement s’avère encore plus vital pour ces personnes qui doivent porter, souvent, leurs entreprises à bout de bras. Ce type de population, ne prend pas toujours la mesure de leurs problèmes ou faiblesses de leur comportement, étant persuadés que ce « terrain » leur est familier, et concernant les échanges et la communication avec les autres, ils s’imaginent « évidemment » très performants. Aujourd’hui la tendance s’inverse et la reconnaissance de leurs faiblesses et surtout les problématiques multiples qu’ils doivent gérer les poussent à une conscience plus professionnelle afin de développer cet outil, qui est « eux-mêmes ». S’entraîner à communiquer oblige également à se regarder soi-même, à prendre de la distance, à se protéger de l’énorme pression, et à acquérir des techniques pour faire baisser les taux importants d’adrénaline accumulés.

Leurs responsabilités et la société qu’ils portent sur leurs épaules les oblige à se fixer un espace de recul et de distance de par l’isolement qu’ils subissent. J’en prends comme exemple ce patron qui ne pouvait intégrer toutes les règles de sécurité imposées, où presque 90% d’entre elles ne sont pas connues, et qui s’est retrouvé en garde à vue pour compléter un rythme déjà à la limite de la rupture.

La gestion des hommes, l’outil de travail, le regard sur la concurrence, de la rentabilité et, bien entendu, le problème que va développer le moindre acteur de l’entreprise va être de son fait.  La pression du patron de PME est immense, et permanente. Les RTT deviennent (Relation Travail Total ) : la vraie définition pour eux. De nos jours, les antidépresseurs ou vitamines qui doivent compenser le vide ou le trop plein, sont légion. C’est pourquoi l’espace de travail sur eux-mêmes, par  avec un l’accompagnement d’un coach, devient un volant de sécurité pour cet homme seul. Le lien avec « un miroir » indépendant, concerne chaque individu dans son exercice humain, et qui plus est dans son exercice professionnel. Dans nos propres relations privées nous constatons combien nous avons besoin de conseils d’amis, et de la distanciation qu’ils vont proposer afin de nous aider à voir clair. Mais, la qualité de ces amis ne se manifeste pas pour autant, par leur compétence, sur ces sujets délicats. C’est donc bien de dialogues avec un professionnel, et d’outils pour être au mieux de son énergie que devra développer notre « nouveau » patron. A l’heure ou l’expression « coach » devient galvaudé à l’extrême. Où tout le monde veut le devenir pour se prouver qu’il est bien le meilleur et pour quelques raisons économiques, c’est pourtant bien de cet homme dont dépendra ce patron moderne des Petites et Moyennes Entreprises. Se poser, maîtriser ses émotions, ses contrariétés multiples, conduire clairement le développement de sa stratégie seront les fruits de cette nouvelle façon de « se manager ». En effet, c’est bien de cela dont il s’agit, avant d’évoquer le management des hommes que nous avons en charge. Car celui qui est le guide et le premier responsable doit, aussi, être le premier à cultiver sa force, et sa lucidité, même s’il doit modifier son comportement égotiste. Il y a cinq ans Sylvain Couthier (Patron de ATF) a entamé ce travail d’introspection en recourant aux services de coaching de Bernard Ortega. Il a acquis la conviction qu’en se portant véritablement à l’écoute des autres on peut être soi-même et corriger son égo et sa façon de manager. Il faut d’abord prendre conscience qu’on dispose d’une capacité d’action (si je veux, je peux). On est ce que l’on décide d’être. C’est la condition sine qua non pour réussir à modifier son schéma de pensée et agir sur son être. On n’en demeure pas moins homme et leader.

Le niveau de performance « immédiat » que ces responsables doivent gérer en stimulant leurs employés finit par devenir très pervers. Les employés des PME sollicitent davantage leur patron avec qui ils ont un rapport plus direct que dans les grandes sociétés, déjà par la proximité établie. Pourtant, de chaleureuse et confiante, cette relation peut finir par se troubler, de par la nature humaine, qui voit son patron comme un père, comme un frère ou un ami. C’est la première distance que le patron devra instaurer dans cet autre management. Il devra articuler et établir un rapport entre les deux extrêmes, du froid et du chaud, qui ne sera pas loin de l’écartèlement dans certains cas de figure, car les PME se distinguent des grandes sociétés par un caractère plus humain et plus convivial. Mais lorsque la réalité refait surface, celle de la performance et du rythme qu’elle provoque, les passions et les émotions l’emportent et créent les fameux risques psycho sociaux, gangrène qui n’épargne ni grosses ni petites sociétés. Alors, un autre management se fait jour, un autre enjeu, une autre perception de la relation avec soi, puis avec les autres. L’aventure de la ruée vers l’or était bien une recherche du bien être économique, mais c’était avant tout une aventure humaine. C’est de cette aventure humaine que les colons se sont enrichis, et s’ils trouvaient de l’or la récompense était totale. 

Dans les nouveaux enjeux du management, c’est le lien avec soi puis avec l’autre qui prendra toute sa latitude. C’est de cette distance, de cet entraînement, de ce travail sur ses propres souffles, le calme de son esprit, de ces techniques de communication et de comportement que s’affirmera le nouveau leader des PME. De là, dépendra sa capacité à gérer le monde de son entreprise, un monde d’équilibre, d’efficacité et d’humanité. 

 

 

Bernard Ortega

Bernard ORTEGA

Coach au top management

www.bernardortega.com