Grâce à la généralisation de l’Internet Haut débit, exercer une activité de graphiste, d’informaticien, de rédacteur ou mener des tâches de secrétariat ou de téléprospection ne nécessite plus d'être situé en région parisienne, en Rhône-Alpes ou dans toute autre agglomération urbaine. Il est désormais possible de travailler de n’importe quel endroit, et notamment dans des zones rurales, plus agréables à vivre et qui évitent le cauchemar des trajets domicile-travail. Aujourd’hui, selon le délégué interministériel à l’aménagement du territoire, plus d’un salarié sur trois désire s’installer en milieu rural.
Des collectivités territoriales investissent sur cette nouvelle forme d’activité pour redonner de la vitalité économique à leur territoire, en réponse à un exode lié à l’absence d’opportunités professionnelles. La Communauté de communes du Pays de Murat, au coeur du Cantal, s’est ainsi positionnée comme terre d'accueil et d'innovation pour le télétravail.
Un contexte territorial idéal pour s’installer
C’est au cœur du Parc Naturel des Volcans d’Auvergne que Bernard Delcros, Président de cette communauté de communes auvergnate de 6000 habitants, a décidé d’accompagner le développement du télétravail sur son territoire. Dynamiser l’économie locale et relever le défi démographique ont été les principales priorités de la communauté de communes. C’est en effet pour accueillir durablement de nouvelles familles que la collectivité a décidé de miser sur les nouvelles technologies pour adapter son territoire et améliorer son attractivité. Un environnement professionnel unique en France est proposé avec la mise à disposition de structures comme la Maison des Services, un télécentre, le premier du Cantal, des formations pour télétravailleurs et, nouveauté 2011, une solution gratuite d’hébergement temporaire – logement passerelle - et un accompagnement personnalisé dans le cas d’une installation in situ.
Depuis 2006, la Communauté de communes du Pays de Murat agit en faveur du télétravail, avec notamment la création d’infrastructures pour attirer de potentiels télétravailleurs. Retour sur une initiative avant-gardiste qui constitue un développement important pour l’avenir du territoire.
La création d’infrastructures pour attirer de nouveaux arrivants
C’est en 2006 que Bernard Delcros lance, de façon expérimentale, une formation au télétravail indépendant avec le soutien du Fonds Social Européen via la création d'un cycle de formation spécialisée.
En 2007, la Communauté de commune créée le premier télécentre du Cantal avec le soutien de l’Etat et du Conseil Général du Cantal dans lequel seront dispensées ces formations. Aménagé au coeur de la Maison des Services de Murat, le télécentre offre un environnement professionnel à chaque télétravailleur : bureau équipé d’outils informatiques et de bureautique, téléphone, visioconférence, salle de réunion, point wifi...
Face à la forte demande – une centaine d’inscrits à chaque session de formation pour une vingtaine de candidats retenus – la Communauté de communes poursuit son action de formation auprès des télétravailleurs indépendants. Elle a parallèlement mis en place un dispositif incitatif pour accueillir des actifs souhaitant installer leur activité de télétravail en Pays de Murat : mise en réseau, parrainage, mise à disposition gratuite du télécentre durant la première année, etc.
En 2009 est créé le Centre de Formation au Télétravail, agréé par la Direction départementale du travail et de la formation professionnelle. Cet agrément est nécessaire pour la mise en place de stages pratiques à destination des DRH, des responsables de réseaux informatiques, des chefs d’entreprises locales sensibilisés à cette nouvelle organisation du travail et prêts à l’expérimenter.
Les formations connaissent un tel succès, qu’en 2011, elles seront renforcées passant de 2 à 5 par an. Désormais, elles s'adressent à public plus large : travailleurs indépendants (2006), salariés (2009), DRH et collectivités (2011).
Murat, vitrine du Massif Central en matière de télétravail
En près de 5 ans, 450 personnes se sont inscrites aux cycles de formation. Parmi ces candidats, près de 180 ont été accueillis dans le Télécentre et 30% d’entre eux ont créé leur activité. La Communauté de communes accueille désormais dans chacune de ses sessions de formation un public exogène dont 70% de candidats potentiels à l’installation.
La Pays de Murat a fait ses preuves en matière de développement du télétravail. Et parce qu'elle a été jugée innovante, convaincante et reproductible dans d'autres territoires, la candidature du pays de Murat, axée sur la création d'un pôle d'accueil de télétravailleurs, vient d'être retenue dans le cadre d’un appel à projet Massif central DATAR. La communauté de communes bénéficie ainsi d’un nouvel appui de l’Europe, de l’Etat, des 6 régions du massif central et du département du Cantal pour franchir un nouveau cap et devenir la vitrine du télétravail dans le Massif central.
Un nouveau programme d'actions s’est donc mis en place début 2011. Grâce à ce dispositif, le nombre de sessions de formation au télétravail augmentera et passera de deux à cinq sessions par an. Le télécentre de Murat qui a atteint sa capacité d’occupation avec une dizaine de télétravailleurs indépendants et salariés fidélisés à l’année, sera agrandi et offrira 6 nouveaux espaces professionnels avec salle de réunion et espace de coworking mis à la disposition des télétravailleurs. Les nets-entrepreneurs souhaitant installer leur activité dans le territoire pourront bénéficier d'un accompagnement personnalisé allant jusqu’à la mise à disposition d’un logement passerelle pour les nouveaux arrivants.
Une action menée en cohérence avec ce que fait le Conseil Général du Cantal qui apporte, quant à lui, une impulsion décisive à l’échelle du département. Un programme de développement d’infrastructures numériques a été mis en place avec CyberCantal 2011 pour permettre à ses habitants actuels et futurs de bénéficier de cet environnement exceptionnel et des attraits d'un retour à une "vraie" vie loin des conurbations (moins de stress, moins de pollution, coût de la vie moins élevé, cadre de vie plus agréable, etc.). Ce programme a notamment permis de développer un réseau de 7 télécentres, avec chacun ses spécificités, dénommés CyberCantal Télécentres. Aujourd’hui, la grande majorité des Cantaliens habitent à moins de 20 km d'un télécentre, dans ce département desservi à 100% en Internet Haut débit.
Matthieu BILLETTE DE VILLEMEUR