Muriel LaradiDepuis son introduction dans la médecine par Hans Selye, en 1936, endocrinologue autrichien vivant au Canada, une documentation impressionnante fleurit sur ce thème. Et l’évolution de nos connaissances sur le fonctionnement du cerveau, tout en apportant des explications complémentaires et en relativisant des théories existantes, n’a fait que décupler cette écriture.

Le stress…

Quel mot barbare ! Ses sonorités mêmes sifflent et menacent…
Il vient de l’ancien français « stringere » et « stressus » qui veulent dire « étroit » « serré ».
Cela ressemble fort aux sensations physiques que nous pouvons ressentir lorsque nous nous sentons touchés par le stress (gorge serrée, estomac qui se resserre, la trachée artère qui se rétrécie, sentiment d’oppression…)

Dans le langage courant, le mot stress est utilisé aussi bien pour désigner le facteur que la conséquence.

En fait, il est inséparable de la vie ! Dans le mouvement perpétuel qui la constitue, la vie est la résultante d’une demande d’adaptation de l’environnement (stimulus) à lui-même. Sans cette adaptation, il ne peut y avoir évolution et donc, il ne peut y avoir de vie. Hans Selye, considéré comme le Père du stress, a appelé « stress » la réponse non spécifique du corps à toute demande d’adaptation qui lui est faite par son environnement. Le stress est donc un phénomène naturel ! De facto, nous vivons tous du stress dans notre vie ! que ce soit au travail, à la maison ou dans la pratique d’un sport... une certaine dose de stress est même utile dans nos vies. Consciemment ou inconsciemment, nous l’utilisons pour nous motiver, améliorer notre rendement, notre efficacité.
Notons également qu’une insuffisance de stress (l’ennui) entraîne une diminution du bien-être, de l’efficacité et du rendement autant qu’un excès de stress (l’épuisement).
Il convient donc de déterminer et maintenir le niveau optimal de stress qui nous nous convient pour atteindre le résultat désiré (stimulation, bien-être, efficacité...).

Hans Selye a différencié deux formes de stress.

Lorsque la demande de changement consiste en une excitation mobilisant tous nos sens face à elle, nous avons affaire à de l’Eustress. Ce stimulus est suffisant pour déclencher une adaptation rapide et un retour rapide de notre corps à un fonctionnement physiologique normal. Les toxines résultant des modifications physiologiques peuvent être évacuées. La phase est bouclée.
(ex : le stress – non paralysant ! – avant la compétition sportive, la prise de parole ne public, le rendez-vous amoureux)

Lorsque la demande est subie, répétée, cumulée, « lorsqu’il y a déséquilibre entre la perception qu’une personne a des contraintes que lui impose son environnement et la perception qu’elle a de ses propres ressources pour y faire face, le stress survient ». « Bien que le processus d’évaluation des contraintes et des ressources soit d’ordre psychologique, les effets du stress ne sont pas uniquement de nature psychologique. Il affecte également la santé physique, le bien-être et la productivité. » Telle est la définition du stress au travail, selon l’Agence Européenne pour la sécurité et la santé au travail.
Cette définition pourrait aussi être celle du Distress, nom que Hans Selye donne à la deuxième forme de stress. Celui-ci s’installe bien souvent de manière chronique. A terme, il cause des altérations de la santé pouvant être très sérieuses.

La réponse au stimulus amène notre corps à vivre une succession de modifications physiologiques et psychologiques dans le but de nous adapter au changement demandé. Pour rendre cette adaptation possible, aussitôt la demande reçue, notre cerveau va envoyer l’ordre de produire des hormones (dont l’adrénaline) pour stimuler la circulation du sang dans :
-    Le cerveau (pour réfléchir plus vite)
-    Le cœur (pour maintenir l’accélération cardiaque)
-    Le rein (pour éliminer les déchets de ces stimulations).
-    les muscles des membres inférieurs et supérieurs (pour courir et se défendre ou attaquer si nécessaire)

Si le stimulus perdure ou se répète, l’organisme va sécréter d’autres hormones qui vont stimuler la production de cortisol.
A ce moment, notre corps réclame une pause pour pouvoir gérer l’évacuation du cortisol et soulager les tensions.
Pour des raisons culturelles ou sociales, par peur que cette décision de pause ne soit interprétée pour de la faiblesse par les autres, il se peut que la pause n’aie pas lieu. Alors, si le stimulus se poursuit, le cortisol va se retrouver en excès dans l’organisme et les reins ne pourront pas l’évacuer efficacement. Cet excès va diminuer les défenses immunitaires et entraîner divers déséquilibres sur les plans physiologique, psychologique et physique de l’individu.
Et c’est alors « le » moment où notre corps exige une pause pour pouvoir gérer toutes ces conséquences.
Cette pause peut être l’occasion de prises de conscience de nos dysfonctionnements.

Je voudrais vous proposer une comparaison entre l’individu et l’entreprise.

Le descriptif de l’évolution du stress au niveau du corps d’un individu peut s’adapter à celui de l’entreprise.
Regardons ensemble et revenons un instant à l’homme dans cette dernière phase du stress.
Le stress a provoqué un désordre maladif. Les cellules touchées tombent malades, voire, le malaise s’étend aux cellules voisines, au sein d’un même organe, puis d’un organe à l’autre. Ce malaise va endommager gravement le fonctionnement de cet organe et/ou de ses voisins. La structure se trouve ensuite déstabilisée et, finalement, arrive à toucher le fonctionnement du corps dans sa globalité. C’est alors l’immobilisation forcée.
Si nous faisons à présent la comparaison suivante : cellules = employés, organes = départements, structure = hiérarchie, corps = entreprise, etc.
La suite du parallèle est facile à imaginer…
Si l’Entreprise attend la phase ultime pour faire la pause réparatrice, certaines séquelles peuvent s’avérer être irrémédiables.

En février 2010, en réponse à la demande que le 1er Ministre leur a faite le 5 novembre 2009, un collectif de personnes aux rôles économiques importants (le Président du Conseil de Surveillance de Schneider Industrie, le Vice Président du Conseil Economique et social, la DRH de Danone) lui rendit un rapport intitulé « Bien-être et efficacité au Travail » . Il propose un certain nombre de mesures à appliquer pour améliorer les conditions de santé psychologique au travail et pallier aux risques Psychosociaux. Le mot « risques psychosociaux » a fait son apparition très récemment : il recouvre les risques mettant en jeu l’intégrité physique et la santé mentale des salariés. Le stress en est une manifestation.
Aujourd’hui, seules les entreprises du secteur privé de plus de 1000 salariés sont concernées. Cependant, les pistes d’amélioration et de gestion du stress que ce rapport propose constituent autant de pistes de réflexion pour les entreprises de toute taille.
Vous pouvez le consulter en suivant ce lien : http://lesrapports.ladocumentationfrancaise.fr/BRP/104000081/0000.pdf

Voici deux extraits de l’avant-propos du rapport me semblant très significatifs :
•    « Parce que social, santé, organisation et management sont indissociables, nous n’avons pas souhaité entrer dans le sujet sous l’angle du seul traitement de la souffrance : pour nous, l’amélioration de la santé psychologique au travail ne doit pas se limiter à la gestion du stress professionnel. Le vrai enjeu est le bien-être des salariés et leur valorisation comme principale ressource de l’entreprise. »

•    « Investir dans la santé au travail est d’abord une obligation sur le plan humain : de plus, ce n’est pas une charge, c’est un atout pour la performance. »

Les conséquences positives pour l’Entreprise sont clairement posées.

Alors, comment faire ?

•    Que la Direction Générale prenne son entière responsabilité et s’engage pleinement dans une véritable démarche de prévention et de gestion du stress. Bien souvent, malheureusement, nous voyons des entreprises qui, par crainte du changement et/ou par souci d’économie, ne prennent que des demi-mesures (par exemple : 1 journée de sensibilisation au stress) insuffisantes. Soyez cohérents dans votre engagement en impliquant également vos managers.

•    Pourquoi ne pas proposer à vos salariés de former un groupe de réflexion, de suivi autour de l’amélioration de leur conditions de travail ? impliquer également les partenaires sociaux ?

•    Stimulez l’enthousiasme…

•    N’hésitez pas à demander conseil auprès des professionnels compétents dans la prévention et la gestion du stress. Vous pouvez consulter le site de l’INRS.
http://www.inrs.fr/inrs-pub/inrs01.nsf/IntranetObject-accesParReference/INRS-FR/$FILE/fset.html

•    Proposez des moments de pauses, moments ressources (= retour à la source) à votre personnel (la sophrologie, par exemple, donne la possibilité aux individus de prendre en main leur gestion émotionnelle avec des respirations appropriées, un entraînement à une vision positive et responsable de la vie, un moment de détente où l’on va se libérer de ses tensions musculaires et nerveuses)
D’autres pistes peuvent être explorées. Ce qui est important c’est de trouver les vôtres. Vous pouvez me consulter : je suis spécialisée dans l’accompagnement dans la gestion du stress des individus et des groupes et travaille avec d’autres professionnels de l’accompagnement dont les compétences complètent les miennes.

Avant de vous quitter, voici deux petits exercices faciles à pratiquer à tout moment dans la journée. Ils vous aideront à retrouver une détente mentale et physique.

Exercice de respiration simple, amenant beaucoup de relaxation :


1 - prenez le temps d’observer votre respiration. Si vous êtes « stressé », votre respiration va mobiliser la partie haute de votre thorax. Il vous sera difficile, spontanément de respirer autrement.
2 - placer ensuite une main sur votre abdomen, sous votre nombril, l’autre sur votre poitrine. Inspirez lentement par le nez en posant votre attention sur la main située sur votre abdomen. Votre main, peu à peu, doit s’élever, comme poussée par un ballon. Votre autre main sur votre poitrine devrait ne bouger que légèrement.
3 - Expirez lentement par la bouche en observant votre main posée sur votre abdomen : elle va suivre le dégonflement du ventre. Pendant cet expir, peu à peu, décontractez vos muscles, libérez vos tensions.
Vous pouvez terminer chaque inspir par une seconde ou deux de rétention d’air, en imaginant que tout l’air que vous venez d’inspirer est pure énergie, qu’il se diffuse dans toutes vos cellules lors de cette rétention d’air pour les régénérer.
Arrêtez au bout d’une dizaines de respirations abdominales.

Exercice de visualisation

Imaginez une grande bulle de lumière au-dessus de votre tête, suffisamment grande pour vous contenir les bras écartés. Respirez tranquillement et faites-là descendre sur vous jusqu’à ce qu’elle vous englobe totalement. Sentez la protection de cette bulle et sa lumière, peut-être sa couleur si vous en avez envie. Respirez lentement et consciemment. Lorsque vous vous sentez bien détendu, vous pouvez ouvrir les yeux.

Muriel Laradi

Muriel Laradi
Coach sophrologue
Formatrice en gestion du stress
06 65 57 91 95