Catherine BarbonDifficile de travailler pour plus d'une personne

Saint Matthieu, dans la Bible, affirme qu'« aucun homme n'est capable de servir deux maîtres » : « Ou bien il détestera l'un et aimera l'autre, ou bien il s'attachera à l'un et méprisera l'autre » (Mathieu, 6 ; 24).
Dans un autre registre, au début du siècle dernier, Henri Fayol, un des premiers penseurs de l'organisation du travail, énoncera le principe suivant : « pour qu'une organisation fonctionne correctement, chaque personne doit avoir un chef et un seul".
Pour l'apôtre comme pour l'ingénieur, l'obéissance à un référent hiérarchique unique serait le meilleur viatique pour prévenir les tensions avivées par la confusion des sentiments ou des intérêts.

 

Pourtant, dès notre plus tendre enfance, n'obéissons-nous pas…à nos deux parents qui peuvent parfois éprouver chacun le besoin d'un lien exclusif et nous former, déjà, aux attentes contradictoires ! A l'école, n'avons-nous pas plusieurs professeurs qui nous « contraignent » à nous organiser pour donner le meilleur à chacun ?

La Polyarchie ne nous est pas étrangère !
De nos jours, les situations de double allégeance semblent bel et bien s'être banalisées… Appartenir à deux lignes hiérarchiques et devoir rendre compte en même temps à deux responsables, l'un hiérarchique et l'autre fonctionnel : autant d'habitudes qui semblent être entrées dans les mœurs. Les grandes organisations contemporaines, qu'elles soient économiques (ex. : une multinationale), politiques (ex. : l'Union Européenne) ou sociales (ex : ONG), ressemblent dans leur fonctionnement à de véritables «polyarchies», (étymologiquement : plusieurs pouvoirs).

Le gouvernement des grandes firmes repose sur un pouvoir émanant de plusieurs centres.
La présence de nombreuses instances de décision au sein des« organisations matricielles » ou «en réseau» introduit de la complexité.
Les difficultés peuvent notamment se traduire par des situations d'injonctions contradictoires(2)pouvant être à l'origine d'un sentiment d'impuissance.

Mais complexité et difficultés n'entrent pas nécessairement en conflit avec l'agilité et la capacité d'innovation dont certaines structures font preuve.L'exigence de clarté et de cohérence reste sans doute l'attitude la plus adaptée pour faire face aux paradoxes.

Une chose est sûre : en Polyarchie, me confiait un responsable, nous aspirons à la polyphonie, du moins redoublons nous de vigilance, pour ne pas sombrer dans la cacophonie.

Une chronique du Gymnase du Management

 

 

 

Catherine Barbon

Catherine BARBON

Cofondateur Gymnase du Management

www.gymnasedumanagement.com