Francis BoyerPourquoi, face à une situation menaçante ou contraignante, certaines personnes perdent leur sang froid, ressentent une profonde angoisse alors que d’autres restent calmes et sereines ? La vie pourrait être comparée à un océan. En surface, alternent des moments de plénitude (il fait beau, tout est lisse à l’horizon) et des moments d’agitation d’intensité variable (des clapotis, des vagues, et parfois des tempêtes). Au sein de cet océan cohabitent 3 espèces. Le requin, qui a appris à refouler ses émotions pour, croit-il, garder le contrôle de sa vie. La carpe, qui les subit, espérant qu’elles passent le plus vite possible, et le dauphin.


Cette dernière espèce a compris que ses émotions étaient toutes bienveillantes pour elle. A ce titre, elle ne les craint pas et a appris à en tirer profit.

Si vous désirez développer le dauphin qui est en vous, gagner en sérénité et en confort de vie, il vous faut apprendre ce que sont les émotions négatives et comprendre les messages bienveillants qui sont associés.

Comprendre ce que sont les émotions

On dénombre généralement 4 émotions principales. Une positive, la joie, et 3 négatives : la peur, la tristesse et la colère.

Les émotions négatives ont une fonction très importante qu’il convient d’intégrer : elles ont pour objectif de vous faire réagir ! Contre toute attente, elles sont donc bienveillantes.

Face à une situation contraignante ou menaçante, le processus d’adaptation naturel et instinctif consiste à adopter une de ces 3 positions : le combat, la fuite ou la soumission. Bien évidemment, aucune de ces réactions n’est positive pour soi.

La théorie du « cerveau triunique », développée par le médecin et neurobiologiste Paul Mc Lean en 1970, a permis de comprendre que chaque être humain est doté de 3 cerveaux, en interaction permanente :
- le reptilien, siège de la survie, responsable de l’action ;
- le limbique, siège de l’émotion et de la relation ;
- le néocortex, siège de la réflexion, responsable de l’adaptation.

D’autres travaux ont également mis en évidence la séquence type de mobilisation de ces 3 sphères :

- en premier, le limbique, ce que nous ressentons
- en second, le néocortex, ce que nous nous disons
- en dernier, le reptilien, ce que nous faisons

En général, l’émotion survient en premier, ayant un impact sur notre réflexion et conditionnant notre réaction physiologique.

En d’autres termes, quand nous percevons une contrainte ou une menace, comme par exemple, faire une erreur, nous ressentons plusieurs sensations (angoisse, culpabilité…) qui vont  nous amener à développer certaines pensées (« je suis nul », « je vais perdre un client ») et déclencher certaines réactions (je vais cacher mon erreur, je vais me mettre à trembler, je vais faire en sorte d’éviter de croiser le chemin de mon client).

Pour éviter de subir trop longtemps ce processus, il suffit d’en modifier l’ordre dès que vous en prenez conscience. Car, si nous savons généralement pourquoi nous ressentons des émotions négatives, personne ne nous a appris ce qu’il convient de faire pour ne plus en être l’otage.

Diminuer l’impact d’une émotion négative (limbique) suppose d’actionner le raisonnement (néocortex préfrontal), et cela s’apprend.

Etre à l’aise avec ses émotions nécessite de comprendre ce qui les a provoquées. Voici ce qui déclenche les 3 émotions principales négatives :

- la peur : la perception qu’une menace va bientôt arriver
- la colère : le franchissement par une personne ou par soi-même d’une limite (valeur, règle…)
- la tristesse : le sentiment de perdre ou d’avoir perdu quelque chose ou quelqu’un d’important pour soi

Accepter ses émotions

Vouloir se débarrasser d’une émotion négative est sans conteste une erreur. Nombreuses sont les personnes qui les rejettent par des « même pas peur », « même pas mal » ou « je verrai cela plus tard ».

Si refouler une sensation désagréable provoquée par un évènement insolite et ponctuel peut tout à fait être une solution (il m’a fait une queue de poisson, j’ai eu peur, il m’a mis en danger, je suis en colère, j’appuie à fond sur le klaxon), il n’en est pas de même avec des sentiments dont l’intensité est tellement forte, l’origine tellement profonde, qu’elle réapparaîtra ultérieurement, sous une forme ou sous une autre.

Il en est ainsi pour les personnes qui se mettent fréquemment en colère, qui vivent dans le doute permanent ou qui ressentent une mélancolie lancinante depuis de longues années.

Aussi désagréables soient-elles, les émotions négatives sont là pour vous protéger. Les accepter revient à diminuer leurs impacts, les prendre en considération permet de se mettre en mouvement.

Il existe une multitude de techniques qui permettent de sortir de cet état franchement désagréable et limitant. Nous vous présentons un protocole centré sur la réflexion qui permet de sortir rapidement des effets désagréables de certaines émotions par la recherche et la sélection d’actions concrètes positives et constructives.

Tirer profit des émotions négatives

Pour transformer une émotion négative en action positive, il vous suffit de répondre aux 5 questions suivantes. Nous avons pris comme exemple une émotion négative : la culpabilité.

1 – « Quelle est l’émotion négative que je souhaite gérer ? » : la culpabilité

2 – « Sélectionnez une expérience récente où vous avez vécu cette émotion » :

J’ai remis à mon client une proposition avec 3 jours de retard et je me suis senti coupable

3 – « Quels sont les différents ressentis qui composent cette expérience émotionnelle ? »

-    l’angoisse de perdre le client
-    la honte de ne pas avoir respecté mon engagement,
-    la colère intérieure de ne pas avoir tenu les délais

4 – « Quels sont les messages positifs de changement pour vous de chacun de ces ressentis ? »

L’angoisse :
Provoquer la rencontre pour s’expliquer plutôt que d’attendre une éventuelle remarque désagréable

La honte :
Accepter qu’il puisse arriver de ne pas pouvoir respecter sa promesse

La colère intérieure :
Assouplir son niveau d’exigence dans certaines circonstances

5 – « Quelles actions pouvez-vous poser pour chacun de ces ressentis à l’avenir ? »

L’angoisse :
A l’avenir, négocier avec mon client un délai de livraison réaliste qui puisse concilier son degré d’urgence et mon agenda au lieu de m’engager sur une échéance que je sais ne pas pouvoir tenir.

Le manquement à sa parole :

Prévenir mon client des risques d’un retard, m’en excuser et lui demander s’il est possible d’obtenir un délai supplémentaire.

La colère intérieure :
Accepter de ne pas toujours pouvoir être parfait et identifier ses axes de progrès, en l’occurrence :
- être moins centré sur les détails, pour réduire le temps de traitement ;
- refuser de suspendre mon travail pour réaliser des travaux qui n’étaient pas prévus.

Soyez auteur et acteur de votre épanouissement

Adopter ce protocole est source d’apprentissage pour soi et dans sa relation aux autres.

Identifier les intentions positives des émotions négatives, puis poser des actions permet d’acquérir de nouvelles capacités et développer de nouveaux comportements.

Tel le dauphin, apprenez à accepter toutes vos émotions, elles sont normales et légitimes. Vous avez à présent connaissance d’une technique qui vous permettra d’optimiser votre aptitude à aborder les vicissitudes de la vie avec davantage de sérénité et de confiance en vous.

 

Francis BoyerFrancis Boyer, spécialiste en conduite du changement et en management, consultant, formateur, coach et conférencier.
http://www.dynesens.com/