Stéphane SEIRACQLe mot stress fut introduit vers 1936 par le physiologiste Hans Selye, dont les recherches conduiront à la notion de Syndrome Général d’Adaptation (SGA). Il a mené des expériences sur des rats en les soumettant à des situations stressantes variées (bruits, lumière, chaleur, froid, produits chimiques, déplacements, etc.), afin d’observer les modifications métaboliques qui en résultent. Il remarqua que tous ces facteurs de stress (appelés agents stresseurs), produisaient la même réaction physiologique. Depuis, de nombreuses recherches ont eu lieu pour comprendre les mécanismes du stress. Nous savons maintenant ce qui le compose, quels sont les sources, les impacts et même comment le gérer.


Le stress est la résultante d’un déséquilibre entre deux perceptions (1):
• La perception qu'une personne a des contraintes que lui impose son environnement d’une part,
• et la perception qu'elle a de ses propres ressources pour y faire face d’autre part.

Mais est-ce qu'un déséquilibre est fondamentalement "mauvais" ?

Imaginez-vous sur vos deux pieds... en équilibre, statique, immobile, comment feriez-vous pour vous mettre à marcher sans, avant cela, vous mettre en "déséquilibre" ?
Et la station debout "statique"... n'est-elle pas elle aussi une succession de déséquilibres ?
Notre fonctionnement général est basé sur ce principe, l'homéostasie. (Capacité d'un système, à conserver son équilibre de fonctionnement en dépit des contraintes qui lui sont appliquées)
Nos facultés physiologiques, cognitives, psychologiques vont nous permettre de se servir des différents déséquilibres pour avancer, progresser, se mettre en sécurité, s’adapter au monde qui nous entoure.
Le stress est donc un système naturel nous permettant de faire face au danger de notre environnement et de s'y adapter. Sans cette faculté d’adaptation nous n'aurions certainement jamais pu quitter nos cavernes, et serions à ce jour dans le même état que les dinosaures ...

Alors pourquoi parle-t-on de bon et de mauvais stress ?

C’est en fait une vue de l’esprit, une erreur sémantique, le stress n’est ni bon ni mauvais en soi, il est comme tous les systèmes, soumis à des règles qui si elles ne sont pas respectées vont dérégler le système, le dégrader, voire le détruire.
Et ce n’est pas tant la réalité de la situation qui peut poser problème que le sentiment (donc subjectif) de contrôle sur cette réalité. Et chacun d’entre nous réagira de manière différente pour s’adapter à la situation (et potentiellement survivre). Les dernières recherches montrent que l’impossibilité de faire face à la situation, amène les personnes vers une dérégulation des systèmes cognitifs, physiologiques, et émotionnels, pouvant aller jusqu’à l’épuisement professionnel, la dépression et même le suicide, en passant par les troubles musculo-squelettiques et les accidents cardiovasculaires.

C’est aujourd'hui le contexte social dans lequel nous vivons qui crée des contraintes dont la fréquence d'apparition et la longévité altèrent notre résistance, et qui dans certaines situations, épuisent nos ressources psychologiques et font apparaître des dysfonctionnements physiques. Troubles de la concentration, du sommeil, tristesse, dépression, addictions sont quelques conséquences d’un stress chronique... Un nombre grandissant de salariés (plus d’un sur 4(2)) déclare souffrir de ces symptômes liés au stress. Mais celui-ci pose un certain nombre de problématiques complexes car il se développe à la frontière entre la sphère privée et la sphère professionnelle.

Mais alors à qui la faute ?

Il serait illusoire et malsain de chercher un bouc émissaire soit chez l’individu ou l’organisation, car on sait que les facteurs de risques sont présents dans notre environnement bien au-delà des frontières de l’entreprise, et que le salarié comme l’organisation tente de faire avec les contraintes que lui impose l’environnement. C’est pourquoi, identifier, mesurer, ou réduire le stress nécessite une approche méticuleuse tant dans la démarche que dans les outils utilisés, afin de répondre de manière adaptée et ciblée.

Dans le dernier plan de santé au travail (2010-2014) les PME sont en ligne de mire. En effet, un projet présenté le 15 janvier 2010 par Xavier Darcos, ministre du Travail, vise à diminuer de 25 % les accidents du travail dans les PME, notamment en menant des actions sur trois risques prioritaires :
• Les TMS (Troubles musculo-squelettiques),
• Les produits cancérigènes
Le stress, dans le cadre des risques psychosociaux.

De plus, Mme RICHAR-MOLLARD de la Direction Générale du Travail, reprécisait courant décembre 2011 lors d’une conférence(3) sur les risques psychosociaux, toute l’attention qui serait portée par les services de l’inspection du travail aux dispositifs mis en place pour réduire le stress au travail, notamment par des actions primaires et secondaires. Tout cela dans un cadre plus large d’obligation de résultat sur la santé physique et mentale des salariés inscrit au code du travail.

Quelles solutions s’offrent à nous pour réguler le stress au travail ?

Il est nécessaire tout d’abord de prendre en compte les textes réglementaires, notamment l’Accord National Interprofessionnel de 2008, qui prévoit que l’employeur doit prendre des mesures collectives et individuelles pour réduire le stress au travail. Un rapport remis au ministre chargé du Travail(4) dresse les grandes lignes des actions à envisager contre les risques psychosociaux, incluant le stress au travail comme pierre angulaire. Les auteurs préconisent d’agir de manière collective sur la gestion de la tâche confiée, les risques perçus au travers des conditions ou ambiances de travail que la personne ne peut contrôler, les ressources allouées, le soutien social et la reconnaissance, les responsabilités et l’autonomie, la répartition de la charge de travail et les pressions temporelles, les exigences émotionnelles et la lisibilité des perspectives d’avenir, l’insécurité de la situation de travail, les rapports sociaux, et les valeurs ou l’éthique. La redéfinition des modes de management et de la communication sont également des angles de travail possibles.

Pour autant, le rôle des facteurs personnels n’est pas exclu. Mais la personnalité du travailleur, son état physique, et ses stratégies d’adaptation (coping) ne sont pas dans la sphère d’influence de l’entreprise, et répondent donc moins aux objectifs poursuivis. Il est toutefois possible de mettre en place des dispositifs de prévention secondaire autour de la formation des personnes, la formation des managers, ou des personnes stressées (sophrologie, gestion émotionnelle, …). Mais cela ne doit pas prendre le pas sur l’étude et l’action sur les contraintes du travail.

L'étude des risques, lors de l’évaluation comme de l’élaboration du Plan d'actions de prévention, doit donc reposer sur des principes de coordination des connaissances d’ordre médicale, technique et organisationnelle. Et le plan de prévention devra considérer des actions en amont (primaire : réduire le risque à la source) mais aussi protéger les personnes par des actions sur les individus (secondaire), et enfin agir lorsque les dégâts sont déjà présents et qu’ils n’ont pu être évités (prévention tertiaire).

Devant la complexité du sujet, Les PME auront tout intérêt à se faire aider par des tiers.

Qu'en est-il du stress des dirigeants ?

Le poids et la pression qui s'exercent aujourd'hui sur les dirigeants dans un univers mondialisé n'est pas à prendre à la légère. Un zoom a été mis récemment sur le stress des dirigeants (les Echos du 23 février 2010). C'est un sujet tabou, car avouer que l'on est stressé pour un patron, c'est un peu se déjuger. Il ne faut toutefois pas sous estimer ce phénomène qui peut miner la vie d'un dirigeant. Car si beaucoup ont anticipé le stress au démarrage de leur activité ou lors de leur prise de fonction, ils sont peu nombreux à s'être préparés à une pression continue sur du long terme. Peu d’entre eux imaginaient devoir tout porter à bout de bras, risquer la faillite personnelle, être fortement impactés dans leur vie de famille, être totalement seuls dans les prises de décisions, être sous les feux de la rampe lorsqu'un problème de sécurité des personnes ou un contexte environnemental se profile. Ou encore, que la pression des marchés financiers, de la concurrence, des actionnaires, des pouvoirs publics ou de l'opinion, leurs fait porter le poids considérable de la responsabilité individuelle.
Pour eux comme pour leurs salariés les impacts sont profonds, et se traduisent par des insomnies chroniques, des angoisses, de l'épuisement professionnel, des maladies psychosomatiques, ou même des suicides.

Comment s'y prendre pour traiter le sujet ?

S’occuper du stress dans les PME comme dans toutes les organisations nécessite une démarche rigoureuse s’appuyant sur des professionnels. Auriez-vous l’idée de fabriquer vous-même les chaussures de sécurité ? De régler seul un problème de protection électrique d’une machine ou de vos locaux ? De réviser vos extincteurs sans faire appel à un professionnel ?

Faites vous accompagner par un professionnel

La prévention de la santé mentale au même titre que la santé physique est un sujet complexe faisant appel à plusieurs compétences ou expertises. Trouver le bon professionnel n’est pas chose aisée.
La première chose à faire c’est un état des lieux en analysant les indicateurs (40 au total). Ce prédiagnostic vous permettra d’y voir clair sur la détection du stress dans votre entreprise, tout en répondant à la première des trois obligations qui s’imposent à toute entreprise ; identifier, mesurer et réduire le stress.

Retrouvez des informations pertinentes sur les sites ci-dessous :
www.anact.fr

www.aquitaine.aract.fr

www.travailler-mieux.gouv.fr

www.inrs.fr

 

 

(1) Définition du stress issue des données officielles contenues dans l’ANI de 2008
(2) Etude ANACT
(3) Conférence internationale du 7 décembre 2011 à l’Université de Bordeaux IV, pôle juridique et judiciaire : RISQUES PSYCHOSOCIAUX AU TRAVAIL Analyse jurisprudentielle comparée en Europe, Direction générale du travail (DGT), Cour de justice de l’UE, Allemagne, Belgique, Espagne, France, Pays-Bas, Suède
(4) Rapport GOLLAC


Stéphane SEIRACQStéphane SEIRACQ

Expert en risques psychosociaux

Coach et médiateur professionnel

www.emergenc.fr