Patrick Michel

Quelle soit en création ou en phase de développement, l’entreprise est confrontée de façon récurrente à la problématique de son financement. De plus, lorsqu’un entrepreneur ou un créateur doit prendre la décision d’investir, la question est de savoir si cet investissement doit se réaliser sous la forme d’un autofinancement ou d’un emprunt bancaire. Bien entendu, la réponse standard n’existe pas, car cela dépend du montant et de la nature du bien à acquérir, de sa durée de vie, mais également du contexte économique de l’entreprise ou de la situation du créateur. De plus, on ne financement pas une création comme une reprise ou un développement.

 


Il est toutefois nécessaire d’analyser l’incidence fiscale du choix, car hormis la déduction de l’amortissement du bien acquis sur sa durée normale d’utilisation, l’autofinancement ne génère aucune charge supplémentaire sur le plan comptable et fiscal. A l’inverse, le financement par emprunt permet de déduire en plus de l’amortissement, les intérêts courus sur l’exercice.


De ce fait, cette déduction fiscale permet d’atténuer le coût du crédit. Il faut noter que plus l’économie d’impôt sur les bénéfices générée par la déduction des intérêts est importante, plus le coût réel (net fiscal) du crédit est faible et plus l’entrepreneur à intérêt à emprunter.


Cependant, en règle générale, il est conseillé de financer ses besoins durables par l’intermédiaire d’emprunts bancaires, afin de conserver une bonne partie de ses fonds propres au financement de son cycle d’exploitation.

Nous devons souligner que si le créateur ne dispose pas d’un apport suffisant (environ 30% du besoin global) ou si l’entreprise est en situation précaire (fonds propres fragiles, litiges, procédures judiciaires…), la banque sera réticente à accorder son concours.

 

La règle de la communauté bancaire

 

Il convient avant de présenter une demande de concours à sa banque, d’en connaître les règles en matière de financement et de bien identifier la nature de ses besoins. Le principe applicable à tous repose sur le fait qu’un établissement bancaire finance les besoins durables de l’entreprise par l’intermédiaire d’emprunts à moyen long terme, et apporte un soutien au cycle d’exploitation à travers des solutions courts termes.


De ce fait, il est d’usage que les établissements bancaires financent la valeur HT des immobilisations corporelles (constructions, agencements, matériel, l’outillage, véhicules…), et uniquement les fonds et les baux commerciaux dans le cadre des immobilisations incorporelles. L’ensemble de ces éléments correspondant à des besoins durables pour l’entreprise.
Concernant les besoins liés au cycle exploitation tels les honoraires (lors d’une création ou d’une mutation), le stock, la TVA, la trésorerie de démarrage ou l’augmentation du BFR, ils doivent être financés par les fonds propres du créateur ou de l’entreprise, en raison de leur nature (besoins courts termes).


Cependant, en fonction du contexte économique de l’entreprise, la banque pourra apporter un concours à court terme (découvert, escompte…) afin de soutenir l’exploitation. Néanmoins, il faut noter que ce financement des besoins liés au cycle d’exploitation, ne sera accordé que si l’entreprise laisse apparaître une structure financière saine et ne fait pas l’objet d’une dégradation de ses fonds propres.


En effet, le dirigeant a souvent tendance à confondre le besoin en trésorerie lié à la détérioration de sa structure financière et celui généré par une croissance d’activité ou une
difficulté passagère. Or, si le rôle d’un établissement financier est de soutenir une entreprise en bonne santé qui peut avoir des besoins ponctuels, il ne consiste en aucun cas à apporter une aide à une entreprise défaillante.
Enfin, concernant les créateurs, ayant que peu de recul sur la solidité économique et financière de l’entreprise lors de sa création, la banque sera très réticente à accorder un concours à court terme. D’où la nécessité lors de la création et du démarrage de l’activité, de prévoir suffisamment de fonds propres.

 

Besoins financiers quelles règles pour le créateur ou le dirigeant ?

 

En terme d’investissement, force est de constater que dans l’hypothèse ou l’entreprise (ou le créateur) ne présente pas une surface financière suffisante, il y a peu de chance que le banquier soit favorable à sa demande, car un financement à 100% est rare.


Il sera donc nécessaire de disposer de fonds propres en rapport avec son emprunt et d’une capacité d’autofinancement (CAF) suffisante pour faire face aux remboursements. A titre d’exemple on peut appliquer la règle suivant :

  • Apport : 30 % (à titre indicatif peut être variable)
  • Remboursement annuel du capital : < de 50% de la CAF
  • Fonds propres : > au montant de la dette à moyen/long terme


Concernant les concours à court terme, l’obtention de ces derniers est subordonnée à la situation économique de l’entreprise. Ainsi, en début d’exercice, au regard des objectifs et surtout de l’évolution ou de la dégradation de la structure financière de l’entreprise, la banque pourra augmenter, réduire ou supprimer son intervention. Il est donc impératif de communiquer à son banquier ses comptes annuels et de lui présenter une projection de l’exercice à venir en lui expliquant les différentes orientations.


En tout état de cause si le capital social de l’entreprise est bas ou si cette dernière fait l’objet d’une forte dégradation de ses fonds propres ou encore une utilisation chronique du découvert, la banque aura tendance à refuser ou à supprimer son concours à court terme.

 

Quelques solutions de financement

 

Hormis le traditionnel prêt bancaire, lors du lancement de son activité l’entrepreneur peut s’appuyer sur plusieurs solutions lui permettant soit de « boucler » son plan de financement ou de faire face à son BFR.
Sans être exhaustif en la matière, pour les petits projets les plates-formes d’initiatives locales financent la TPE par le biais d’un Prêt d’honneur. Sans intérêt et garantie, ce prêt d’environ 8000€ peut également service de levier pour accéder à un prêt bancaire.

Par ailleurs, le prêt à la création d’entreprise (PCE) d’OSEO, permet dans la limite de 7000€ de conforter ses fonds propres et d’accéder à un prêt bancaire à l’investissement, garanti à 70%.

Enfin, pour faire face à son BFR ou à son évolution tout en surveillant la solvabilité des clients, les solutions d’assurance-crédit ou d’affacturage s’adresse aujourd’hui tant à la TPE, qu’à l’entreprise en création.

 

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